Le solstice d’hiver approche avec son lot de célébrations symboliques, alors que la nuit devient la plus longue de l’année pour ensuite amorcer un retour progressif vers la lumière. Une période qui peut être vécue comme un rituel de passage où nous laissons partir certaines choses pour en accueillir de nouvelles.
LA SAGESSE INSCRITE DANS NOS CERVEAUX
Les rituels ne sont pas que de simples traditions folkloriques. Des recherches menées par des neurobiologistes du Massachusetts Institute of Technology ont montré que les comportements ritualisés s’ancrent profondément dans les circuits neuronaux des ganglions de la base, ces structures cérébrales impliquées dans l’apprentissage et la régulation émotionnelle. Lorsque nous accomplissons des gestes rituels, nous activons des régions spécifiques du cortex préfrontal, cette partie de notre cerveau associée à la planification et au contrôle exécutif.
Plus fascinant encore : une étude publiée dans une revue de neurosciences a révélé que la pratique régulière de rituels diminue de manière significative l’activité de l’ERN (error-related negativity), cette réponse cérébrale qui surgit lorsque nous commettons des erreurs. En d’autres termes, les rituels réduisent la sensibilité de notre cerveau à l’échec, apaisant l’anxiété qui peut nous paralyser face aux transitions difficiles. Ce n’est pas que nous devenions indifférents ou moins compétents, mais plutôt que notre système nerveux apprend à moduler sa réactivité face aux turbulences de l’existence.
Des chercheurs de l’Université de Toronto ont observé ce phénomène en temps réel : après avoir pratiqué un rituel quotidien pendant une semaine, les participant·es montraient une diminution marquée de l’activation cérébrale liée à l’anxiété de performance lors de situations stressantes. Le rituel agissait comme un régulateur, un thermostat neuronal qui empêchait le système d’alarme du cerveau de s’emballer.

LE PASSAGE : ENTRE DEUIL ET RENAISSANCE
Cette période de fin d’année symbolise ce passage entre ce qu’on laisse derrière soi et accueillir ce qui va arriver. C’est le moment où le calendrier nous rappelle que quelque chose se termine, une année avec ses joies et ses peines, ses accomplissements et ses regrets. Émerge alors la conscience de la finitude, qui déclenche dans notre esprit un mélange complexe de mélancolie et d’anticipation.
Le cerveau humain excelle dans la reconnaissance de schémas temporels, et la fin d’année active naturellement nos mécanismes de bilan et de projection. Nous regardons en arrière, nous évaluons, nous comparons ce qui fut à ce que nous avions espéré.
Parfois, ce regard rétrospectif révèle des deuils à faire : des relations qui se sont effritées, des projets abandonnés, des versions de nous-mêmes que nous avons dû laisser partir. Ces pertes, même petites, réclament leur reconnaissance.
Et c’est là que les rituels deviennent des outils avec une certaine puissance. Ils offrent un contenant à nos émotions débordantes, une structure qui permet au possible chaos intérieur de trouver une forme.
Allumer des bougies, partager un repas selon un ordre précis, tenir un journal, ranger symboliquement son espace : ces gestes apparemment simples créent ce que les neuroscientifiques appellent des « raccourcis neuronaux ». En utilisant des indices externes répétitifs, nous signalons à notre cerveau qu’il est temps d’entrer dans un état mental particulier, propice à l’introspection et à la transformation.
L’AMYGDALE APAISÉE
L’amygdale, cette petite structure en forme d’amande nichée au cœur de notre cerveau limbique, fonctionne comme un détecteur de menaces. Elle scanne en permanence notre environnement à la recherche de dangers potentiels. Lors des périodes de transition, quand l’incertitude domine, l’amygdale tend à s’hyperactiver, générant anxiété et stress. Or, avec la neuro-imagerie ont pu montré que les rituels ont cette capacité d’apaiser ce système d’alarme cérébral.
Lorsque nous suivons une séquence d’actions prévisibles et ordonnées, nous envoyons à notre cerveau un signal de sécurité. Le prévisible rassure notre système nerveux, lui permettant de baisser sa garde. Cette diminution de l’activation de l’amygdale se traduit par une sensation de calme, de contrôle retrouvé face au chaos apparent du monde extérieur. Les rituels ne nient pas nos émotions difficiles, ils leur offrent plutôt un cadre dans lequel elles peuvent être vécues sans nous submerger.

FUTURISER POUR MIEUX SE REPÉRER
La fin d’année s’accompagne également d’un autre mouvement, celui de la projection dans l’avenir. Nous formulons des intentions, des résolutions, nous imaginons ce qui s’ouvre devant nous. Ce processus de « futurisation » mobilise intensément notre cortex préfrontal, siège de la planification et de l’anticipation.
Mais cette projection peut rapidement devenir source d’angoisse si elle n’est pas ancrée dans un cadre sécurisant.
Les recherches en psychologie comportementale révèlent que l’acte de ritualiser nos intentions – par exemple en les écrivant lors d’une cérémonie personnelle du solstice, en les partageant avec des proches autour d’un repas symbolique – augmente significativement nos chances de les maintenir dans le temps. Le rituel scelle l’intention, la gravant plus profondément dans nos circuits neuronaux.

L’HYPNOSE POUR NOUS AIDER DANS LES MOMENTS DE TRANSITION
Pour certain·es d’entre nous, ces passages de fin d’année peuvent être mélancoliques voire douloureux. Dans ces moments où les rituels collectifs ne suffisent plus à nous contenir, l’accompagnement thérapeutique peut devenir nécessaire.
L’hypnose peut nous aider lors de ces transitions difficiles. En induisant un état de conscience modifié, elle permet d’accéder à nos ressources profondes et inconscientes. L’état hypnotique crée un espace sécurisé où nous pouvons revisiter nos douleurs sans être submergé·es par elles, où nous pouvons dialoguer avec les parties de nous-mêmes qui résistent au changement.
L’hypnose est un réel soutient pour imaginer et déposer symboliquement ce qui nous pèse, pour visualiser un passage, créer mentalement un pont entre qui nous étions et qui nous devenons. Le cerveau ne faisant pas la différence entre ce qui est imaginaire et ce qui est réel, ces métaphores vécues en état hypnotique s’ancrent profondément dans notre inconscient, facilitant les transformations que notre volonté seule peine à accomplir.
L’hypnose offre un espace d’intimité avec soi-même, un laboratoire intérieur où nous pouvons expérimenter de nouvelles façons d’être avant de les incarner dans notre vie quotidienne.
LA DANSE DES RÉSEAUX NEURONAUX
Les neurosciences ont identifié trois réseaux cérébraux majeurs qui interagissent lors des expériences rituelles et même spirituelles : le réseau du mode par défaut (impliqué dans la conscience de soi et la réflexion), le réseau fronto-pariétal (lié à l’attention et au contrôle cognitif), et le réseau de saillance (qui détecte ce qui est important dans notre environnement).
Lors des rituels significatifs, ces trois réseaux entrent dans une danse complexe, créant ce sentiment particulier de transcendance et de connexion que beaucoup décrivent lors des célébrations de fin d’année.
Cette orchestration neuronale explique pourquoi les rituels partagés génèrent un sentiment si puissant d’appartenance. Lorsque nous chantons ensemble, allumons des bougies en synchronie, ou partageons un repas selon des codes établis, nos cerveaux se synchronisent littéralement. Des études utilisant l’hyperscanning (l’enregistrement simultané de l’activité cérébrale de plusieurs personnes) ont montré que lors de rituels collectifs, les patterns d’activation neuronale des participant·es commencent à se coordonner. Cette synchronisation cérébrale s’accompagne de la libération d’ocytocine et d’endorphines, ces neurochimiques qui renforcent les liens sociaux et génèrent bien-être et confiance.
ACCUEILLIR CE QUI VIENT
Le solstice nous enseigne qu’après la nuit la plus longue, chaque jour qui suit gagne quelques minutes de lumière. Ce n’est pas une transformation brutale, mais un changement progressif, presque imperceptible au quotidien. De la même manière, les transitions que nous vivons lors de ces fêtes de fin d’année ne se résolvent pas en une nuit magique.
Accueillir ce qui vient ne signifie pas nier ce qui fut, ni forcer une joie artificielle. C’est plutôt reconnaître que nous sommes des êtres en perpétuelle transformation, que notre identité se façonne au gré des saisons de notre vie. Les rituels – qu’ils soient ancestraux ou personnels, collectifs ou intimes – nous offrent des outils pour pouvoir naviguer lors de ces passages.
Si vous traversez une période de transition particulièrement difficile, si les deuils à faire vous semblent insurmontables ou si vous peinez à vous projeter dans l’avenir, n’hésitez pas à consulter un·e professionnel·le. L’hypnose, parmi d’autres approches thérapeutiques, peut vous accompagner avec douceur dans ces passages, en respectant votre rythme et vos besoins spécifiques.
Par: Françoise Lefeuvre
Le: 12/17/2025